samedi 7 novembre 2020

MASSACRE(S) A LA TRONÇONNEUSE VOLUME 1

 

MASSACRE(S) A LA TRONÇONNEUSE
1974 - 2017 UNE ODYSSÉE HORRIFIQUE VOLUME 1


Auteur : Julien Sévéon
Année : 2020
Editeur : Cinexploitation
Nombre de pages : 280
Couleur : oui
Langue : Français

Quatrième de couverture :
En 1974, un jeune Texan du nom de Tobe Hooper sort un petit film qui crée une onde de choc mondiale immédiate : Massacre à la tronçonneuse. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, le film enthousiasme autant qu’il révulse. A tel point qu’il connaît de gros problèmes avec la censure en Angleterre, en Allemagne et même en France. Derrière son aspect de film culte, Massacre à la tronçonneuse reçoit rapidement le soutien et les hommages soutenus de nombreux réalisateurs, allant de William Friedkin à Steven Spielberg. En 1986, Hooper retourne au film qui l’a fait connaître et sort une suite frappadingue et hystérique. Six autres productions, aussi dissemblables les unes que les autres, suivront avec, dernier en date, Leatherface que le brillant duo français Alexandre Bustillo et Julien Maury a réalisé.
Pour fêter les 45 ans de la sortie du film original signé Tobe Hooper, Massacre(s) à la tronçonneuse 1974 – 2017, une odyssée horrifique propose de vous plonger dans la création des huit films qui ont fait de Leatherface une légende du cinéma.

MON AVIS
Ma première rencontre avec Massacre à la Tronçonneuse date, du peu que je m'en souvienne, à l'année 1983 ou 1984. J'avais 9 ou 10 ans et je passais régulièrement devant la devanture du Pathé Ciné, un petit cinéma de quartier qui programmait pas mal de films d'horreur. C'est d'ailleurs dans ce cinéma que j'ai vu, à 10 ans, mon premier film d'horreur (merci papa de m'y avoir emmené), à savoir le Evil Dead de Sam Raimi. De Massacre, c'est seulement par l'affiche culte avec les trois Leatherface et le jeu de photos visibles sur la devanture du cinéma que je l'ai connu au départ. Rien que le titre, mythique, a fait naître en moi les rêves les plus fous. Lorsque le film a été diffusé sur Canal+, en 1986 je crois, vu que je n'avais pas le décodeur, je l'ai regardé en crypté et en noir et blanc. Je n'ai pas vu grand chose mais j'ai regardé jusqu'au bout ! C'était un samedi soir. Le mercredi suivant, mon oncle, merci à lui, m'apportait son enregistrement VHS du film. Je m'étais flingué les yeux pour rien mais pas grave. J'ai donc pu admirer le chef-d'oeuvre de Tobe Hooper pour la première fois et j'en suis tombé amoureux immédiatement. Chaque week-end, mes parents partaient dans leur petit terrain de campagne et moi, je restais à la maison et je mettais Massacre avec le son à fond. Ca a duré un bon moment. J'ai acheté les deux affiches cinéma d'époque aux Cinglés du Cinéma à Argenteuil, le jeu de photos et à 30 ans, je me suis fait tatouer Leatherface et sa tronçonneuse sur l'épaule droite. J'ai également pas mal de figurine de ce tueur mythique, son "killer mask", un jeu de cartes et j'en passe...

Massacre à la Tronçonneuse est et restera mon film préféré et c'est toujours avec un plaisir intact que je le revois régulièrement. Car on n'a jamais rien fait de mieux depuis.

L'annonce d'un livre entier consacré au film, qui plus est rédigé par Julien Sévéon, a évidemment aiguisé mon intérêt. 280 pages dédiées à Leatherface 1974, rien que ça, voilà ce qu'avais décidé de nous offrir Julien ! Je suis toujours admiratif face au personne qui arrive à écrire un nombre de page incroyable sur un seul film. Et honnêtement, on peut dire que Julien Sévéon a placé la barre très haute avec son splendide ouvrage.

C'est bien simple, le volume 1 de Massacre(s) à la Tronçonneuse - 1974/2017 une odyssée horrifique est LA bible sur le film de 1974. Un achat indispensable si vous voulez tout savoir sur le film de Tobe Hooper qui a révolutionné le cinéma horrifique et a fait entrée ce dernier dans une dimension réaliste bien éloignée des figures du vampire, de la momie, du loup-garou et autres monstres du bestiaire. Dans Massacre, les monstres ont figure humaine et c'est bien en cela que le film a fait l'effet d'un électro-choc sur le public de l'époque.

Dans ce volume 1, outre de superbes photographies (dont pas mal d'inédites) et reproduction d'affiches de divers pays, Julien Sévéon nous décortique littéralement le processus de création du film et tente d'établir la vérité définitive sur cette conception. Un travail titanesque pour l'auteur, qui n'a pas mis 5 ans à travailler dessus pour rien ! Car il n'existe aucun making-of qui peut clairement nous raconter ce qu'il s'est réellement passé lors du tournage. Quant aux divers acteurs et techniciens présents, ils ne tiennent jamais les mêmes propos d'un interview à un autre et leur mémoire ne semble pas vraiment infaillible.

C'est donc à un travail de fourmi et d'enquêteur passionné auquel s'est livré Julien Sévéon. Retrouvant des pages du scénario original annoté, nous faisant découvrir des éléments qui n'ont pas été tourné ou qui ont été modifié lors du tournage ; interviewant divers personnalités en tentant de les faire se rappeler le plus précisément possible les événements qui ont conduit à générer ce monument de la terreur psychologique et horrifique ; analysant la réaction des critiques de l'époque, du rôle de la censure ; remettant le film dans son contexte historique ; décortiquant tout ce qui fait du film un chef-d'oeuvre : sa mise en scène, sa bande-son, ses images, son réalisme, son humour et j'en passe.

Lire Massacre(s) à la Tronçonneuse - 1974/2017 une odyssée horrifique, c'est se retrouver nous-même en 1973, à l'époque du tournage, c'est ressentir la chaleur infernale, c'est sentir les odeurs de viande avariée, c'est subir la pression de Tobe Hooper, c'est gérer les nombreux conflits entre personnalité. C'est comprendre le film. C'est devenir le film.

Le slogan de La Nuit des Morts Vivants disait "dans le fantastique, jamais le cinéma n'était allé aussi loin. Il ne pourra jamais faire mieux". Un slogan qu'on peut aisément adapter au livre de Julien Sévéon, qui a juste écrit l'ouvrage DÉFINITIF sur Massacre à la Tronçonneuse.

Achat indispensable, qu'on soit fan du film ou non.

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mercredi 21 octobre 2020

ZOMBIES, DES VISAGES, DES FIGURES...

ZOMBIES, DES VISAGES, DES FIGURES...
DIMENSION SOCIALE ET POLITIQUE DES MORTS VIVANTS AU CINEMA


Auteur : Erwan Bargain
Année : 2020
Editeur : Editions Ocrée
Nombre de pages : 130
Couleur : non
Langue : Français


Quatrième de couverture : La figure du zombie a, entre les mains de certains auteurs et cinéastes inspirés, pris une dimension sociale et politique incontestable. Métaphore de nos craintes et d'une civilisation qui va mal, les morts-vivants sont en effet devenus, à travers de nombreux films, les dépositaires de la critique d'un monde injuste et violent et qui tend à se déshumaniser. Cet ouvrage entend dresser un panorama subjectif d’œuvres engagées qui n'ont pas peur de dénoncer les dérives de nos sociétés contemporaines. Il fait donc volontairement l'impasse sur quelques productions télévisuelles telles que The Walking Dead, auxquelles plusieurs essais ont déjà été consacrés...

L'AVIS :

Rédacteur au sein du magazine L'Ecran Fantastique depuis 1997, Erwan Bargain voue une passion totale à la figure du mort vivant, créature emblématique du cinéma fantastique et horrifique qui apparue sur les écrans dès 1932 avec le "White Zombie" de Victor Halperin. On la revit ensuite dans des petites séries B telles "Le Roi des Zombies" ou "La révolte des zombies" ou bien encore dans le très bon "L'invasion des morts vivants" produit par la firme Hammer en 1966. Des films qui se servaient avant tout du mythe du vaudou pour expliquer la présence de ces non-morts sur Terre.

Mais c'est véritablement en 1968 que le mort vivant va gagner ses galons de star de l'horreur avec la sortie de "La nuit des morts vivants" de George A. Romero. Véritable révolution dans le cinéma de genre, ce film marqua les esprits, tout comme ce sera le cas avec les films suivants du réalisateur, à l'image de "Zombie" ou "Le jour des morts vivants".

Plus que de simples films d'horreur, les films de zombies de Romero possèdent une dimension sociale et politique qui en font des œuvres hors normes et importantes. D'autres films mettant en vedette les morts vivants suivront également chez d'autres réalisateurs qui, eux aussi, vont se servir de la figure du zombie pour développer des thématiques fortes et faire des critiques du monde qui nous entoure.

Cette dimension sociétale, politique et critique qu'on trouve dans de nombreux films de morts vivants est justement le sujet de l'ouvrage écrit par Erwan Bargain. En 130 pages, l'auteur va dans un premier temps traiter des films de morts vivants mis en scène par George Romero et les analyser de façon simple mais efficace, mettant en avant leurs aspects novateurs : critique du racisme, du consumérisme, de l'individualisme de la société, de l'éclatement de la cellule familiale, du pouvoir de corruption de l'argent, de l'égoïsme et de la bestialité de l'être humain en général, de la politique américaine bien sûr, de l'injustice qui existe entre les riches et les pauvres et j'en passe. La prose est agréable à lire (j'ai parfois du mal avec les ouvrages analytiques souvent rédigés dans un style pompeux et qui finissent par donner mal à la tête), les mots employés sont simples et compréhensibles, les idées développées limpides et agrémentées par des citations de Romero lui-même, qui proviennent de divers ouvrages ou sites internet (dont Horreur.com !!) qui ont pu avoir des interviews de ce réalisateur culte malheureusement décédé en juillet 2017. de "la nuit des morts vivants" à "survival of the dead", tout y est !

En seconde partie, Erwan Bargain va nous présenter et analyser d'autres films de zombies provenant de divers pays et qui possèdent tous, en dehors de leur aspect purement distractif, une dimension social et politique. De l'écologie dans "Le massacre des morts vivants" à la difficile réinsertion des soldats ayant fait le Viet-Nam du film "le mort vivant", des conséquences du repli sur soi dû à la maladie de "Moi, Zombie, Chronique de la douleur" à l'utilité du droit de vote de l'épisode "Vote ou crève" de Joe Dante, de l'aseptisation de la pensée avec "Fido" à la lutte des classes dans "Mulberry Street", ce sont une vingtaine de films, et pas forcément les plus connus, ce qui rend l'ouvrage plus intéressant, qui nous sont donc proposés à l'étude.

Une troisième partie reprend les thématiques proposées en les ciblant plus précisément et en montrant leur influence sur notre monde, à travers d'autres films cités comme "Colin", "Zombies Anonymous", "Uncle Sam", "Maggie", "Dead girl" ou "Dernier Train pour Busan" entre autres.

Avec son format peu encombrant, Zombies des visages, des figures... dimension sociale et politique des morts vivants au cinéma d'Erwan Bargain s'avère un recueil thématique vraiment sympathique, qui nous apprend des choses et qu'on prend plaisir à lire, mettant bien en lumière que le film de mort vivant est réellement un reflet de notre monde à l'instant T. L'auteur maîtrise son sujet et nous le présente de manière sincère et sans esbroufe, ne cherchant pas à sur-analyser les films qu'il traite et ça, c'est très bien en ce qui me concerne. N'hésitez donc pas à le lire si le sujet vous intéresse ! On aurait aimé avoir des photos au sein de l'ouvrage mais nous n'aurons que du texte. Pas bien grave au final...